Du rapport entre le droit et la violence

Résumé

Dans une perspective déconstructiviste du droit, il est nécessaire d’aller questionner ce qui est considéré comme allant de soi que ça soit par les professionnels du droit ou le grand public. Concernant le champ juridique, une des croyances communément admises est celle du rôle pacificateur du droit, autrement dit de son rôle canalisateur de la violence. Il est donc nécessaire de questionner les rapports entre le droit et la violence. Il nous apparait que les deux positions classiques que sont l’opposition ontologique entre droit et violence et l’identité du droit et de la violence peuvent être dépassées par une troisième approche. En effet, il est possible de comprendre ce rapport comme une construction réciproque : la violence vient modeler le droit en intervenant dans l’interprétation par les acteurs juridiques des énoncés normatifs ; à l’inverse, le droit vient définir ce qu’il considère comme étant violent en qualifiant ou non une situation de violente c’est-à-dire juridiquement admise ou non. Ainsi, la violence peut à la fois être créatrice de droit en venant modifier une interprétation préexistante d’un énoncé mais elle peut aussi être conservatrice du droit en amenant à une condamnation d’une situation jugée violente. Pour que l’on puisse statuer d’un changement ou d’une conservation d’un état interprétatif, il faut un consensus général entre les acteurs juridiques. En effet, le rapport entre droit et violence est un rapport qui est constamment en mouvement que cela soit dans l’espace ou dans le temps. Cependant, il demeure nécessaire de resituer toute analyse des rapports entre droit et violence dans le contexte interprétatif en jeu. Cela s’illustre parfaitement dans le domaine du droit international public avec le droit de légitime défense.  

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